Découvrez l'interview de Joséphine Ledoux, directrice associée du cabinet Enera Conseil, publié dans la revue de l’AICVF.

Article Le Moniteur :
L’Agence parisienne du climat, via son dispositif « Coach copro », a accompagné la copropriété Du Guesclin, dans le 15e arrondissement de la capitale, dans son projet de rénovation thermique d’ampleur qui vise le niveau BBC rénovation pour diviser par 3 les consommations énergétiques de l’immeuble.
C’est un bel immeuble typique des années 60, de briques et de béton, aux façades recouvertes de petits carreaux de mosaïque bleutée, qu’animent des volets coulissants blancs horizontaux. Un immeuble fragile comme nombre de ses contemporains : la pâte de verre et la structure se dégradent, les fenêtres en acier sont corrodées, les volets menacent de tomber. Et surtout, c’est une passoire thermique. Non isolée, la façade laisse tout passer : « On ressentait un inconfort thermique depuis longtemps », témoigne Mme Simille, présidente du Conseil syndical. « Humidité, murs craquelés, sensation de courants d’air… et par ailleurs on avait des charges énergétiques qui s’élevaient à 65.000 euros par an ! ».
« Avait », car la copropriété (105 logements dont la moitié occupé par les propriétaires) s’est lancée il y a quelques années dans un grand projet de rénovation. « Au début nous parlions de ravalement, mais les copropriétaires ont pris conscience du fait qu’il était nécessaire d’intégrer le volet thermique au projet pour régler les problèmes d’étanchéité et mettre fin à cette situation », explique Mme Simille.
Après un diagnostic énergétique en 2010, une thermographie des façades en 2011 et un premier audit énergétique simplifié, un nouvel audit recommandé par l’Agence parisienne du climat (APC) vers qui le conseil syndical s’est tourné en 2013, convainc les copropriétaires d’opter pour une isolation thermique par l’extérieur, le remplacement de l’ensemble des menuiseries extérieures et des volets, la réfection des terrasses et une nouvelle ventilation. La performance visée par le BET Enera Conseil ? Rien moins que BBC Rénovation, une consommation maximum de 104 kWh/m2/an, soit une division par 3 des dépenses énergétiques.
Trois ans plus tard, les travaux sont en voie d’achèvement pour un montant global de 2,1 M €.
Une somme conséquente pour laquelle la copropriété a bénéficié du soutien de l’Ademe (le projet a été lauréat de l’AMI « Copropriété durable ») à hauteur de 260.000 €, du programme Habiter Mieux de l’Anah pour les foyers les plus modestes soit 187.000 €, de 287.000 € de crédit d’impôt Transition énegergétique (CITE) et de 32.000 € de valorisation de certificats d’économies d’énergie. Par ailleurs, la copropriété disposait d’un fonds travaux de l’ordre de 700.000 € et 9 personnes ont utilisé un prêt collectif.
Débutés en mai 2015, les travaux devraient s’achever en octobre prochain. Près de 6 ans après le début de « l’aventure ».
Cette réalisation exemplaire a été saluée par le président du Plan Bâtiment Durable, Philippe Pelletier : « Ce projet démontre que pour la rénovation énergétique, il faut d’abord accepter le temps de la décision et de l’adhésion. Il ne faut pas aller trop vite, sous peine de faire des dégâts. Ensuite, la prise de décision ne fonctionne que si le financement des travaux est « mis sur la table » au moment du vote de l’assemblée générale. Enfin, il faut que les professionnels acceptent de travailler de manière nouvelle. Ici le tandem BET-Architecte a travaillé main dans la main. Nous avons besoin d’une montée en compétence de tous les acteurs. Et cela comprend les copropriétaires qui devront adopter le bon comportement, une fois l’immeuble rénové. »
À propos de l’auteur
Joséphine Ledoux